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Mes 3 années harassantes mais fascinantes en classes préparatoires m'ont apporté un sérieux bagage scientifique et un gout pour le travail. Puis est venu le temps de faire le dur choix d'une école d'ingénieur. Mon choix s'est porté sur l'Ensimag : Bien que n'ayant aucune connaissance en informatique, le fait que le nom de l'école contienne le terme de Mathématiques me rassurait car c'était ma matière préférée en prépa. Aucun regret : mes 3 années à l'Ensimag m'ont beaucoup apportés: des connaissances théoriques et pratiques de domaines totalement nouveaux que sont l'informatique et de l'architecture des ordinateurs. Mais j'ai aussi rencontré beaucoup d'amis au cours des très nombreux événements, un grand souvenir fut d'avoir été le président d'une association candidate pour le Cercle des élèves ; je n'oublierais jamais ces folles semaines de campagne !
Après un stage de deuxième année en informatique graphique, puis un projet de fin d'études sur le même sujet, j'ai choisi de faire une année supplémentaire de master pour découvrir le monde de la recherche en informatique graphique. J'ai eu la chance de faire mon stage à l'Inria Rhone Alpes avec des chercheurs mondialement reconnus.
J'ai pu découvrir le domaine des images de synthèse, que j'appelle maintenant plus simplement la 3D, domaine que j'ai jusqu'à ce jour toujours privilégié dans mes choix de carrière. La concurrence pour obtenir une bourse de thèse étant féroce, et l'excellence requise pour décrocher cette bourse étant au dessus de mon niveau, je me suis résolu, un peu déçu, à chercher un emploi d'ingénieur. J'ai eu beaucoup de chance et j'ai réussi à trouver un emploi chez Okyz, une startup Française à Paris qui travaillait sur une technologie innovante de capture 3D, vendue principalement aux grands constructeurs automobiles et aéronautiques. J'ai vu que dans une petite structure on doit tout faire, et très vite j'ai été mis en contact avec des développeurs de grandes entreprises comme HP aux Etats Unis ou SGI en France.
Après un an et demi chez Okyz j'ai eu la chance de venir en Californie quand Adobe a racheté Okyz pour intégrer notre technologie de capture 3D dans son logiciel Acrobat Reader. J'y ai découvert une grande entreprise américaine, une atmosphère de travail décontracté mais exigeante. J'ai travaillé initialement sur l'amélioration du produit de capture d'Okyz, Raider 3D sur UNIX qui était ma plateforme de prédilection. Ensuite j'ai pu réaliser quelques démos techniques, un viewer 3D sur le premier iphone, et un prototype de système de fichier distant et synchronisé comme Dropbox. Je suis resté 5 ans chez Adobe, et pendant ma dernière année j'ai participé pendant 6 mois en tant que premier employé à la création d'une startup de réseaux sociaux concentré sur le sport, Hitpost qui fut 4 ans plus tard vendue à Yahoo.
Après Adobe, je suis partit chez PDI/Dreamworks pour travailler sur leurs logiciels propriétaires utilisés pour la création de tous leur films, comme Shreck ou How To Train your Dragons. Cette expérience a été passionnante car j'ai découvert deux mondes fabuleux, celui du cinéma car nous travaillions directement avec les artistes qui réalisent les films, et celui de l'informatique graphique de pointe, car de nombreuses innovations 3D ou d'effets spéciaux ont été inventé chez PDI qui fut acheté par Dreamworks durant la création du film Shreck.
Avoir l'opportunité de comprendre comment est réalisé un film d'animation de A à Z, et de programmer les outils qui rendent la création de ces films a été une expérience fantastique. Après avoir travaillé un an et demi dans une l’équipe géométrie ou j'ai aidé au développement de libraries de calcul géométrique et de formats de fichiers 3D, j'ai rejoint l'équipe Rendu et Eclairage qui écrit le logiciel qui permet de positionner des lumières fictives dans une scène 3D, puis ensuite de calculer toutes les images correspondantes. J'ai pu côtoyer à nouveau des anciens chercheurs en informatique graphique et pu approfondir ma connaissance du domaine.
En 2015, j'ai fait une mission de consultant sur la visualisation 3D dans un navigateur pour une startup médicale, Heartflow, qui veux innover en changeant le procédé de détection des maladies cardiaques en utilisant un scanner puis une reconstruction d'un modèle du cœur, puis une analyse à base de simulation de fluides pour évaluer l'écoulement du sang dans le cœur et les risques de maladies cardio-vasculaire, de façon non invasive.
Enfin en Janvier 2016, j'ai quitté Dreamworks pour rejoindre Machine Zone, un éditeur de jeux vidéos mobile dont les jeux Game of War et Mobile Strike font partit des jeux les plus profitables du marché. C'est une fois de plus un monde totalement nouveau et dynamique, qui se rapproche de celui du film car on y trouve aussi beaucoup d'artistes qui travaillent sur les concepts et les univers des jeux.
Au cours de mes 12 années en tant qu'ingénieur informaticien, j'ai appris plusieurs choses. La formation scientifique et académique française est une des meilleures au monde, nous n'avons absolument pas à rougir de notre formation devant les autres grandes universités américaines, chinoises ou indiennes. Je suis très fier et reconnaissant d'avoir bénéficié de cette qualité de l'enseignement supérieur français excellent et gratuit. J'ai aussi appris que l'informatique est un monde qui change vite, et qu'il faut être ouvert d'esprit et toujours intéressé et disposé à apprendre : nouveaux langages, nouvelles plateformes, nouveaux domaines.
La compétition est rude pour rentrer dans les grandes entreprises californiennes qui sont prises d'assaut par tous informaticiens du monde. En cela, la pratique de l'algorithmique est très utile car les procédés de recrutement sont maintenant quasi tous basés sur des questions de programmation au tableau qui rappellent un peu les oraux de concours des grandes écoles.
Enfin il est important de maintenir une bonne séparation entre le travail et la vie privé, barrières qui commencent à s'effriter à cause du télétravail et d’Internet ; il y a un danger de burn-out car on travaille beaucoup (trop ?) dans la Silicon Valley.
Je sais que le métier de développeur n’a pas souvent bonne presse parmi les élèves ingénieurs : mon expérience passionnante ne me fait que le recommander à vous tous : je vois autour de moi des jeunes qui conçoivent et créent le monde de demain, dans tous les domaines, c’est extraordinaire et motivant.